Interview des fondateurs

Dr Jeanne-Marie LECOMTE

Présidente & Co-Fondatrice de Bioprojet

'Désormais Bioprojet a franchi une nouvelle étape, celle de l’internationalisation. Nous sommes implantés dans 9 pays d’Europe...'

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi avez-vous créé Bioprojet et ce qui a été au cœur de cette initiative ?

 

Bioprojet est une entreprise pharmaceutique, originale et atypique, que nous avons créée le Pr Schwartz et moi-même en 1982, car nous partagions la même philosophie et la même conception de la recherche pharmaceutique.

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Elle est atypique, car elle a été créée à partir de la recherche fondamentale, ce qui était assez anormal à l’époque.
Cependant, il y a plus d’un siècle, Pasteur partageait cette idée puisqu’il disait qu’« il n’y a pas deux sortes de science : il y a la science fondamentale et les applications de la recherche, qui sont liées entre elles comme l’arbre aux fruits qu’il a portés ».

 

Ceci est d’autant plus vrai pour la recherche d’un nouveau médicament qui doit s’effectuer le plus en amont possible, à un niveau où s’élucident les mécanismes physiologiques et physiopathologiques, et qui doit être pluridisciplinaire.
Ainsi, en partant de cibles biologiques nouvelles dont nous soupçonnions qu’elles jouaient un rôle en pathologie, nous avons cherché rationnellement dès les années 1980 de nouvelles classes thérapeutiques qui pouvaient être utiles en santé publique.

 

Après dix ans de recherche et de développement, nous avons mis au point une première molécule, qui était entièrement originale, dans un domaine où il n’y avait pas eu de nouveauté depuis fort longtemps : nous avons trouvé un anti sécrétoire intestinal pur qui inhibait les hypersécrétions dans la diarrhée.

 

A partir de ce premier produit, Tiorfan®, nous avons créé en 1992 une seconde entreprise, le laboratoire Bioprojet Pharma.

 

Et ce fut un succès ?

 

En effet, en deux ans, Tiorfan® est devenu leader dans son indication, car il apportait réellement quelque chose. Aujourd’hui, il est développé, enregistré et commercialisé dans 90 pays.

 

Ce succès nous a permis de poursuivre notre stratégie de recherche et développement et, par bonheur, d’acquérir le laboratoire de recherche Bioprojet Biotech en 2001.

Désormais, Bioprojet a franchi une nouvelle étape, celle de l’internationalisation. Nous sommes implantés dans 6 pays d’Europe (en dehors de la France). Cette implantation permet à Bioprojet d’être présent à l’international.

 

Par ailleurs, récemment, Bioprojet a franchi un pas décisif dans son implantation internationale avec l’enregistrement et la commercialisation d’un de nos produits innovants, Wakix, distribué par notre partenaire Harmony Biosciences.

 

Nous restons ambitieux, mais fidèles à notre vocation, la recherche et l’innovation, et nous espérons poursuivre notre mission : le service des malades.

Pr Jean-Charles SCHWARTZ

Directeur Scientifique et Co-Fondateur de Bioprojet

'Le grand avantage de notre centre de recherche est que les équipes sont petites…'

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’on trouve au centre de recherche de St Grégoire, quelle est l’articulation des 4 unités, la conception d’ensemble, la logique d’organisation ?

 

La logique de toute cette organisation est de travailler sur une cible bien déterminée. Pour cela, il faut d’abord fabriquer la cible. C’est l’unité de Biologie moléculaire qui s’occupe de fabriquer des récepteurs recombinants, des enzymes recombinants avec les techniques actuelles de la génétique moléculaire, permettant de tester dans un tube à essai l’interaction de molécules avec leur cible.

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La seconde unité est un groupe de Chimie qui fabrique des candidats, capables de s’adapter à la cible précédemment décrite. Pour ce faire il y a tout d’abord une étude de la cible par modélisation moléculaire. Même si la cible n’a pas été cristallisée, par analogie avec des cibles voisines, on peut maintenant construire un modèle théorique, très dimensionnel de la protéine (c’est-à-dire la cible) et à partir de cela tester in silico l’interaction de la molécule avec la cible. Cela permet d’orienter la synthèse chimique. Puis, des chimistes synthétisent (par des méthodes traditionnelles) les molécules capables d’agir.

 

Il faudra alors tester des molécules bien sélectionnées. Ceci est réalisé par l’équipe de Pharmacologie qui teste, sur des animaux ou des tissus animaux, l’effet des nouvelles molécules découvertes permettant ainsi de prévoir des indications thérapeutiques potentielles.
Enfin, la dernière équipe, Pharmacocinétique va doser la molécule par des méthodes très modernes, et suivre sa cinétique dans les tissus afin de comprendre sa durée d’action, son dosage … et ainsi de faire une sélection définitive en fonction de ces paramètres de pharmacocinétique.

 

Cela semble être un processus complexe, quel est l’avantage du centre de recherche Bioprojet Biotech ?

 

En effet c’est un processus complexe, le grand avantage de notre centre de recherche est que les équipes sont petites, environ une cinquantaine. Il y a une forte interaction entre eux et ainsi les programmes sont flexibles et peuvent être modifiés aisément.

 

Nous avons repris ce centre en 2001 et depuis, nous avons, mes collaborateurs et moi-même, construit un outil remarquable (et assez reconnu par les résultats obtenus) qui se compare en efficacité à des centres comportant des centaines de chercheurs.
Je suis très fier de cette réussite et j’espère que cela va contribuer à l’amélioration de la santé publique et à la réussite de Bioprojet.